Le marronnier d’Inde

ARTICLE

Apicultrice urbaine, j’inventorie la botanique mellifère de Paris pour mieux comprendre la composition de mon miel et les cycles de butinage de mes abeilles.

HIPPOCASTANACEAE

Nom commun : Marronnier d’Inde, Marronnier commun, Châtaignier de mer, Marronnier faux-châtaignier, Châtaignier des chevaux

Nom latin : 

  • Blanc : Aesculus hippocastanum (blanc à fleurs simples)/ Aesculus hippocastanum ‘baumanii’ (fleurs doubles)
  • Rouge : Aesculus x carnea/ Aesculus carnea ‘briotii’

Ce bel arbre rustique possède un port étalé.  Il fournit beaucoup d’ombre et de fraîcheur sous son feuillage dense et luxuriant.

Le bois du marronnier est très homogène, blanc avec un aspect soyeux et laiteux, parfois grisâtre ou jaunâtre. Il est très léger (0,4 à 0,55 kg/dm3) et très tendre, facile à travailler. Cependant, à cause de son manque de solidité, il n’est pas considéré comme un bois de qualité pour la menuiserie ou la charpente. Il n’est pas durable. Il n’est pas non plus un bois éligible pour la préparation de la pâte à papier. Il est enfin plutôt mauvais combustible. Son grain très fin et sa légèreté permettent cependant de l’utiliser comme plis internes de contreplaqué, caisserie d’emballage, intérieur de meubles, sculpture, tournerie, modelage, orthopédie, panneaux pour la peinture, etc., bien que ces utilisations restent assez marginales. C’est un bois très réputé pour la pyrogravure.

L’écorce – brune à légèrement rougeâtre – est lisse chez le jeune arbre. Elle vire au noirâtre avec sa maturité et se fissure dans le sens de la longueur, parfois dans un mouvement hélicoïdal autour du tronc. Elle s’écaille alors et se détache par petites plaques. L’écorce (riche en tanins et en flavonoïdes) est utilisée pour faire des préparations contre les problèmes de circulation sanguine.

Ses grandes feuilles caduques, d’un vert foncé, sont opposées, palmées et composées de 5 larges folioles légèrement dentées et mesurant de 15 à 20 centimètres. Elles prennent une couleur jaune d’or à l’automne. 

Le marronnier supporte bien les élagages. Il faut cependant éviter de lui faire subir des tailles sévères ou trop courtes. Les jardiniers le taillent souvent « en rideau » ou « en marquise ». Il est jugé très résistant sur les sols qui lui conviennent, mais il est plus sensible à la pollution urbaine et à la déshydratation que le platane par exemple.

Les bourgeons pointus qui apparaissent en automne, sont protégés par une sorte de résine fortement collante. Sa floraison, aux premiers du printemps est spectaculaire. La sève, la bogue et la graine ont une odeur très particulière et un goût un peu amer.

Zoom sur le marronnier blanc

Il fleurit en avril ou en mai selon les années et la rigueur de l’hiver puis du printemps. Elles ont une forme particulière appelée thyrse dressée (une forme pyramidale avec un axe sur lequel naissent les pédoncules des fleurs). Les fleurs du marronnier d’Inde sont en général hermaphrodites. Elles ont une forme de doigt ou de fleur de campanule, et une couleur blanche tachetée de jaune (pour attirer les insectes). Elles peuvent êtres simples ou doubles

L’espèce blanche est très sensible aux assauts de la mineuse du marronnier – un minuscule papillon de 3 mm découvert en 1984 – dont la chenille ravage les feuilles en provoquant leur dessèchement prématuré en été. Elle faciliterait en outre l’action du chancre bactérien.

Cette couleur a été plantée durant deux siècles dans les parcs et jardins, cours d’écoles et le long des avenues parisiennes.Si on observe sa population, on s’aperçoit que les individus possédant les troncs les plus imposants et les plus grandes hauteurs sont – du fait de leur âge – blancs. Cependant, l’espèce a subit de profonds dommages entre 2001 et 2009, ce qui a conduit la Mairie à mettre en place une stratégie de diversification du patrimoine arboré, en les remplaçant par de jeunes marronniers rouges, mieux résistants à la mineuse. Ce sont donc aujourd’hui dans les rues les individus les plus jeunes.

Le saviez-vous? Le tacheté jaune des fleurs de marronnier change de couleur – virant au rouge – lorsqu’elles ont été pollinisées afin de faciliter le travail des insectes! En effet, la couleur rouge est rarement bien visible pour les insectes et donc peu utilisée comme signal positif par ceux-ci.

Aesculus hippocastanum – fleur simple
Aesculus hippocastanum ‘baumanii’ – fleur double
Zoom sur le marronnier rouge (rose)

Ce marronnier est un hybride – développé en Allemagne en 1812 – issu du croisement entre Aesculus hyppocastanum et Aesculus pavia. Bien que plus petit que son cousin, il demande malgré tout un peu d’espace pour s’épanouir correctement. En effet, à l’âge adulte, il atteint au minimum 15 m de hauteur. Il peut parfois s’approcher des 20 ou 25 m. En largeur, il devra disposer d’environ 15 mètres d’espace libre pour étaler ses branches retombantes.

Ses fruits sont rares, roux bronzé et peu épineux. Ils sont moins gros et moins nombreux que ceux du marronnier d’Inde. Ses bogues libèrent à maturité de 1 à 3 marrons bruns et brillants.

Dans les Fleurs de Bach (ensemble de 38 élixirs floraux dits « de Bach », conceptualisé entre 1928 et 1936 par le médecin et homéopathe britannique, le Dr Edward Bach, et destiné à guérir des états psychologiques négatifs), le marronnier rouge aurait pour vertu de supprimer l’inquiétude et la crainte du pire pour les autres.

Les fruits

Le marronnier produit des fruits à peau lisse ou épineuse (dits alors « bogue »), qui contiennent deux graines, qui – comme d’ailleurs toutes les parties de la plante – feuilles, bourgeons – peuvent provoquer des troubles digestifs du fait de la présence de l’esculine, une molécule aux propriétés anticoagulantes.

Le marron du marronnier d’Inde n’est pas comestible et ne doit pas être confondu avec la châtaigne produite par le châtaignier commun. Quelques cas d’empoisonnements mortels humains ont été repertoriés. Les marrons frais ne seraient pas aussi toxiques qu’on le dit parfois, car les saponines qu’ils contiennent sont faiblement absorbées au niveau des muqueuses. Certains auteurs d’articles scientifiques pensent que les intoxications graves seraient le résultat d’une consommation très régulière de marrons. Des cas d’intoxication ont été aussi décrits chez les ruminants, le cheval, le chien ou le hamster. Les signes cliniques sont surtout digestifs, et parfois nerveux lors d’intoxication massive.

Le marron d’Inde contient de l’amidon, des saponines et des glucosides.

Attention, toutes les espèces de marronniers ne produisent pas de fruits, notamment Aesculus hippocastanum ‘baumanii’ (blanc à fleurs doubles) et Aesculus carnea ‘briotii’ (rouge).

Puis-je semer des marrons pour obtenir un marronnier ?

Récoltez-les dès que les bogues s’ouvrent. Il faut utiliser des marrons frais car ces derniers perdent leur pouvoir germinatif rapidement. Mettez-les en terre et attendez jusqu’au printemps suivant pour voir apparaître une pousse.


Type : arbre à fleurs – plante mellifère

Floraison : avril

Intérêt pollinifère : (3/5)
Intérêt nectarifère : (2/5)
Miel monofloral : non. A Paris, la floraison du marronnier a peu d’impact sur la récolte de miel, car elle arrive très tôt dans la saison. En revanche, c’est une composante essentielle des stocks constitués par les abeilles dans le corps de la ruche. Ce stock n’est pas récolté par l’apiculteur et tout comme le nectar de lierre au début de l’automne, il est destiné exclusivement à la consommation des abeilles.

Où observer des marronniers à Paris?

Le Marronnier d’Inde fût introduit à Paris en 1615, par le botaniste Bachelier. On en trouve aujourd’hui plus de 25.000 dans le centre-ville. Ils représentent 15% des principales essences plantées en alignement ou massifs dans les rues et 8% des essences plantées dans les parcs et jardins. Les variétés rouges représentent près d’un tiers de la population totale des marronniers parisiens.

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