Métier : cueilleur d’abeilles
INTERVIEW MÉTIER

Bonjour Cyprien. Merci de nous accorder un peu de temps. Ton métier n’est pas commun…
… D’ailleurs, comment le définis-tu?
Je suis apiculteur et désinsectiseur, au sol, dans les lieux d’accès difficiles ou à grandes hauteurs.
Désinsectiser, c’est détruire des insectes nuisibles ou porteurs de germes. Par désinsectisation, on signifie l’acte d’exterminer certains insectes par divers moyens insecticides. Métier.
Dans le cas d’insectes qui nous dérangent mais ne présentent pas de réel danger, il est suffisant d’utiliser un répulsif, qui les éloigne sans les tuer, plutôt qu’un insecticide, qui vise à les exterminer. Les insecticides tuent, les répulsifs éloignent.
Pour la destruction des foyers d’insectes dangereux, il faut faire appel à un professionnel, qui aura des connaissances en entomologie et saura quels moyens utiliser pour assurer une destruction définitive et sécurisée.
Comment es-tu devenu désinsectiseur? Métier.
Je pratique ce métier depuis une quinzaine d’années maintenant.
J’ai commencé par le hasard des rencontres : apiculteur installé dans le 92, j’étais souvent contacté par les pompiers pour des interventions locales visant à cueillir des essaims d’abeilles. J’ai pu constater sur le terrain que les pompiers se désengageaient progressivement des interventions mineures (abeilles, guêpes).

Par ailleurs – en tant qu’apiculteur, j’ai rapidement pris conscience que les abeilles sont l’un des mets favoris des frelons. Je voulais contribuer à protéger mes colonies et les ruches locales.
J’occupais alors un poste d’électricien. Cette nouvelle activité a pris de plus en plus de place dans mon agenda. J’ai finalement décidé de m’y consacrer.
Qui peut faire appel à tes services?
J’interviens majoritairement chez les particuliers, mais je suis aussi beaucoup contacté par des syndics de copropriété, des entreprises, des aéroports, des mairies.


Les vidéos que tu publies sur ton compte Facebook sont impressionnantes, as-tu fixé des limites dans lesquelles tu n’interviens pas ? Quelle est alors l’alternative ?
Je suis spécialisé dans la désinsectisation des hyménoptères (abeilles, guêpes, bourdons et frelons).
J’habite à Nanterre. J’ai fixé la limite de mes interventions à un rayon de 20 kilomètres autour de mon domicile pour les abeilles, les guêpes et les bourdons et 40 km pour les frelons asiatiques.

Je travaille seul ; je n’ai pas de limite de hauteur tant que mon matériel répond au cahier des charges. La corde la plus longue pour assurer mon travail et ma sécurité mesure 60 mètres.
Mes horaires d’intervention sont larges : 8h-22h du lundi au dimanche. Je réponds aux demandes téléphoniques dès que je prends connaissance des messages et aux demandes faites sur mon site au plus tard le lendemain.
Je peux recommander un contact pour les opérations « hors zone » situées dans le 91 et le 94.
Ton métier est-il concurrentiel? Comment savoir si l’on fait appel à un désinsectiseur sérieux? Métier.
Il y a de nombreux acteurs dans ce secteur d’activité. Certains sont sérieux et expérimentés, d’autres le sont moins.
Un professionnel possèdera un Siret et une assurance couvrant son activité. Il vous recontactera rapidement pour discuter de l’urgence de votre intervention, se rendra sur place pour évaluer les besoins matériels pour agir et reviendra quelques jours après son intervention vérifier l’efficacité de la destruction.
Pour savoir si un professionnel peut être considéré comme fiable avant d’y faire appel, vous pouvez consulter les avis clients sur pagesjaunes.fr ou un moteur de recherche. En effet ceux-ci font ressortir aussi bien les avis positifs que négatifs, ce qui sera rarement le cas sur le site de l’entreprise elle-même.
Quels moyens ou techniques utilises-tu pour mener à bien une intervention?
Difficile de se fournir auprès du rayon « dératisation » de la grande surface la plus proche… Je capitalise sur mon goût pour le bricolage pour mettre au point des outils-maison adaptés aux situations les plus extrêmes. Mon équipement est un creuset de matériel d’alpiniste, d’élagueur et d’apiculteur.
Je n’emploie jamais le recours aux moyens chimiques pour décrocher un essaim d’abeilles. Etant apiculteur, je tiens à protéger cette espèce fragile, à qui j’apporte tous les soins possibles. Les bourdons sont presque inoffensifs. Je réserve l’usage d’insecticides ou de la flamme aux interventions les plus risquées comme la destruction des nids de frelons asiatiques.
Combien factures-tu tes interventions?
Je fais une évaluation de la difficulté de l’intervention lors de ma visite initiale.
Je propose un devis fonction de mon temps de déplacement, de l’opération à mener (insecte, sol, hauteur) et de sa difficulté (accès, matériel, durée).
Ma facturation s’échelonne de 90 euros à plusieurs centaines d’euros.
Pourquoi tes clients te choisissent-ils? Métier.
Mon travail est propre et sérieux. Ma politique : « faire chez vous ce que j’aimerais que l’on fasse chez moi ». Je suis ponctuel et j’appelle toujours mes clients pour donner une heure précise de mon arrivée.
Ton action semble d’utilité publique. As-tu pu développer des partenariats avec les pouvoirs publics de ton secteur?
Je travaille avec certaines Mairies qui m’ont déjà contacté, mais rien de systématique.
Peut-on demander à sa Mairie de prendre en charge le coût de ton intervention?
Si le nid d’insectes à détruire se trouve sur la voie publique, c’est à la Mairie de prendre en charge l’intervention.

S’il est situé sur une zone privée, il n’existe pas encore d’aides. Toutefois, la législation est en train d’évoluer doucement. Un préfet peut désormais fixer les conditions de la destruction systématique de nids déclarés dangereux. Il faudra pour cela attendre que l’insecte (prenons le cas du frelon asiatique) soit inscrit sur la liste nationale des nuisibles.
Combien de missions as-tu dû réaliser dernièrement?
J’ai effectué ma première destruction du frelon asiatique en IDF en 2013. En 2014, j’en ai mené 3. En 2015 : 15. En 2017 : 290 et l’année dernière 440. Toutes catégories d’insectes confondues, je mène environ 700 interventions par an.
Quel est le rythme de développement d’un nid de frelons asiatiques? Peut-on attendre un peu de répit durant l’hiver?
Dans la chasse au frelon, il n’y a pas de répit. Il faut surtout ne jamais attendre pour agir et cela été comme hiver. C’est durant cette saison que les femelles fécondées par les mâles s’envolent pour fonder les nids qui se développeront l’année suivante. Il faut donc agir en amont, dès que possible.
On parle beaucoup de la dangerosité des nids de frelons asiatiques. Peux-tu nous expliquer en quoi ils le sont et si on doit s’inquiéter des nids de frelons européens aussi?
Comme n’importe quels insectes bâtisseurs de nid, les frelons n’attaquent généralement que pour défendre leur nid lorsqu’ils le sentent menacé. Une attaque survient généralement quand un intrus s’approche dans un rayon de 2 à 3 mètres du nid.
Mes expériences avec le frelon asiatique m’ont éloigné jusqu’à 40 mètres.
En dehors du nid, les frelons sont des créatures plutôt passives, voir même craintives. Ils préfèrent éviter les confrontations et ne passent à l’attaque uniquement quand ils y sont obligés.
Peut-on distinguer ces deux races à distance?
On peut difficilement les repérer à distance sans être professionnel. De manière générale, les frelons construisent leurs nids en hauteur. Cela inclut notamment : les greniers, les pentes de toit, les terrasses, les remises, les garages, les cimes des arbres, les troncs d’arbres creux, les buissons. Les nids de frelons en hauteur sont en suspension libre.
La plupart du temps les frelons européens sont sensibles à l’obscurité. Ils se cachent plus volontiers dans les cheminées, les troncs d’arbres, sous les tuiles… Les frelons asiatiques nidifient en pleine lumière.
Pour les distinguer on peut observer la couleur des pattes : noires pour l’asiatique, jaunes pour son cousin européen.

Que peut-il se passer si on choisit de fermer les yeux sur la présence d’un nid de frelons asiatiques dans son entourage ?
Fermer les yeux sur la présence d’un nid, c’est faire preuve d’inconscience. C’est aussi jouer le jeu de sa prolifération.
Les risques de piqûres sont importants et peuvent être mortels. La raison principale de la dangerosité de leur piqûre, par rapport à d’autres insectes piqueurs, tient à leur taille. La plupart des venins de frelons sont toxiques pour l’homme, et comme ce sont de grands insectes, ils sont capables de délivrer une dose de venin plus importante et donc plus dangereuse.
Parmi les insectes piqueurs, le frelon est celui qui délivre la dose de venin la plus importante. Même si son dard n’est pas plus imposant que celui du frelon européen, environ 0,6 cm, le venin du frelon asiatique est bien plus nocif pour les tissus humains et les nerfs. Seulement 8 à 12 piqûres peuvent envoyer un adulte à l’hôpital. Il vaut donc mieux rester à l’écart !
Merci Cyprien. Longue vie à ton activité et continue à faire bien attention à toi.
Cyprien Fériès – Abeilles et nuisibles
Nanterre (92)
06.26.31.73.92
mieldu92@gmail.com
En dehors du périmètre d’Abeilles et nuisibles, votre mairie, votre préfecture ou la caserne de pompiers (18) la plus proche peuvent vous communiquer les coordonnées d’entreprises de désinsectisation.